« L’émission était sur le point de commencer. J’ai une responsabilité éditoriale. Vous comme moi, on sait que la question palestinienne est délicate. L’inscription en arabe peut aller dans un sens ou dans un autre. Comme on ne savait pas ce que ça voulait dire, dans le doute, on a évité de montrer l’inscription »
C’est ainsi que Nicolas Escoulan, rédacteur en chef du Grand Journal de Canal+, a justifié aujourd’hui la dissimulation, au travers d’un cadrage resserré, du mot « Palestine » affiché sur le tee-shirt de l’invité Nadir Dendoune. Celui-ci avait évoqué l’embarras ressenti alors sur le plateau de l’émission enregistrée lundi soir.
Ex-pillier de TF1, Nicolas Escoulan invoque sa « responsabilité éditoriale » pour expliquer l’incident.
Quels sont les contours exacts d’une telle « responsabilité »? Mystère. A en croire une production antérieure du rédacteur en chef du Grand Journal, la rigueur invoquée fluctue au gré des sujets traités.
En mars 2011, l’émission de Canal+ intitulée « Dimanche + » avait diffusé un documentaire coréalisé par Nicolas Escoulan et consacré à Dominique Strauss-Kahn.
Un portrait sans concessions? Une investigation fouillée sur les pratiques politiques de l’ex-dirigeant du FMI? Une exposition éclairante des réseaux parisiens dédiés à l’ancien cador socialiste? Que nenni. Plutôt un publi-reportage, aseptisé et dénué de toute information nouvelle ou essentielle sur l’ex-futur-candidat-vainqueur-assuré-de-2012.
Evidemment, cet éloge feutré de DSK ne serait plus possible aujourd’hui, en vertu de la fameuse règle des 3 L : « on lèche, on lâche, on lynche ».
A l’inverse, le simple mot de « Palestine » -et la présence d’une prétendue mystérieuse phrase arabe- semblent embarrasser au plus haut point le responsable de Canal+. Pas sûr que le prochain invité affichant sur son tee-shirt un quelconque slogan en chinois, russe ou hébreu provoque de tels remous.