Le journalisme est un sport de combat (de rue).
Endurance, dextérité et force de frappe sont nécessaires pour le pratiquer. A l’heure où les grands médias moribonds tentent désépérement de retenir l’attention du citoyen et de s’accaparer son « temps de cerveau disponible », l’information devient, plus que jamais, un vaste champ de bataille. Les propriétaires des bastions audiovisuels en frémissent déjà: après la déroute -qui n’en finit pas- des comtes de la presse écrite, les barons de la télévision et des radios comprennent qu’ils perdent, peu à peu, leur influence au profit des reporters-guérilleros du web. Comme aux Etats-Unis dans les années 90, ces franc-tireurs ont investi le bunker de l’info sans attendre un blanc-seing délivré par la corporation. Le résultat? De plus en plus d’internautes préfèrent dorénavant découvrir ce qui se passe dans le monde auprès des sites dits « alternatifs ». Et la tendance ne fait que s’accélerer.
Le journalisme est un art martial.
Regard aiguisé, vitesse et sens de l’anticipation sont indispensables pour s’y adonner. Rapporter les faits, les contextualiser, leur donner du sens : c’est la mission sociale du métier. Et beaucoup, en face, n’ont aucun intérêt à laisser libre cours à un journalisme « délié » : Etats, lobbies économiques, mouvances idéologiques, officines privées et demi-barbouzes peuvent, le cas échéant, exercer une pression sociale ou financière pour que certaines choses ne soient pas divulguées. C’est ici que l’on distingue alors le journaliste « de salon » (salarié ou précaire, de droite comme de gauche, avec ou sans carte de presse, mainstream ou multimédia) du journaliste authentique: le premier, « assis », sera conciliant ou -pire- indifférent envers les intimidations de gens de pouvoir; le second n’en fera cure et tentera, tant bien que mal, d’exposer une information qui lui semble d’intérêt public.
Le journalisme est un engagement politique.
Comprendre le réel, transmettre ce que certains s’efforcent de dissimuler, rechercher et divulguer des faits qui impactent le vivre-ensemble : par essence, le métier est au coeur de la vie de la Cité. Ceux qui l’aseptisent en faisant mine de prôner un journalisme « objectif » ou « impartial » étouffent le désir impérieux à l’origine de la vocation : rapporter les faits d’intérêt général, par le citoyen et pour le citoyen. Installée à la tête des principaux médias du pays, la caste élitaire et parisienne des faiseurs d’opinion, drapée dans une éthique pseudo-journalistique qui ne trompe plus personne, trahit, chaque jour, le peu de confiance qui lui accorde encore le peuple. Son indulgence passée envers la face sombre de DSK, présenté alors comme le futur chef de l’Etat, ou son minimalisme présent à propos des agressions islamophobes d’Argenteuil illustre, parmi tant d’autres exemples, la déconnexion d’une corporation médiatique homogène avec la collectivité nationale. Cela explique d’ailleurs l’impopularité record du métier de journaliste auprès de l’opinion publique.
Le journalisme est une joute oratoire.
Trouver le mot juste, ciseler son style et user de l’expression qui fera mouche : le métier est aussi l’expression quotidienne, organique et charnelle, de la passion pour la littérature. A ce titre, la France peut s’honorer, à l’instar du Liban ou de l’Egypte, d’avoir suscité la vocation de nombreux écrivains-journalistes, notamment à la fin du XIXème siècle. Raconter le réel n’exclut nullement de le faire avec grâce, classe ou panache. Une écriture acérée, un soupçon d’ironie et l’art délicat de la concision sont difficiles à réunir mais peuvent s’avérer salutaires, même lorsqu’il s’agit de rapporter des faits dramatiques. Paradoxalement, les nouvelles technologies de l’information, tant décriées par Alain Finkielkraut et consorts, réinventent l’éloquence. Un tweet bien tissé, un titre accrocheur, une pirouette sémantique, une chute d’article qui vient à point : délivrer des faits sommaires ou une vérité explosive peut se faire avec le tact du troubadour et la rigueur du scientifique.
Sport de combat, art martial, engagement politique, joute oratoire : tels sont les points cardinaux de Panamza, nouveau site d’information.
Au programme: des articles décalés, des révélations exclusives, quantité de liens inédits sur l’actualité et, à terme, des reportages de terrain. Fondé le 21 juin 2013, Panamza sera, tout au long de l’été, en mode expérimental. Des modifications techniques et éditoriales ne sont pas impossibles. La rentrée consacrera la forme définitive du site, atypique dans le paysage médiatique français : quelque part entre l’agrégateur d’informations -exhumées du web- et une machine à produire les scoops de demain.
Via Facebook, Twitter ou à travers vos favoris, venez, autant qu’il vous plaira, visiter Panamza.
L’aventure ne fait que commencer…
J’envie votre enthousiasme, mais vu le paysage journalistique actuel, il me semble qu’au lieu d’enquetes approfondies et un vrai journalisme indépendant et sérieux, nous assistons à une recherche de « scoops » qui s’avèrent faux après avoir fait le tour de la planète, au tronquage de nouvelles et de déclarations, pour se faire plaisir ou faire plaisir à des lecteurs potentiels. Les vraies informations et les enquetes sérieuses sont noyées par les fausses nouvelles et les pseudo-enquetes, qui ne sont pas forcément en provenance de « l’ennemi » mais de tout un public qui se considère journaliste. Aujourd’hui, on doit faire un effort triple pour trier.